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Discussion intéressante avec un dirigeant de PME sur la nécessité ou non d’avoir une comptabilité analytique pour piloter ses chantiers

Il s’agit d’une société qui conçoit, installe et maintient les installations électriques de ses clients B2B et qui ne dispose pas d’une comptabilité analytique par chantier (CA : 5 M€)

L’argumentaire du dirigeant pour ne pas avoir de comptabilité analytique est le suivant :

✔une dérive sur ses coûts d’achats n’est pas possible (commande par chantier sur la base de prix fixés annuellement avec ses principaux fournisseurs).

✔La dégradation de la rentabilité de ses chantiers ne peut provenir que d’une dérive sur les heures d’intervention (sous-évaluation du nombre d’heures prévues par le devis ou exécution incorrecte des installateurs).

✔Cette dérive, du fait des contraintes de planning  et du risque de payer des pénalités de retard, sera absorbée, soit par une réaffectation des équipes internes sur les chantiers prioritaires, soit par le recours à de la sous-traitance ou à des intérimaires.

✔ La mise en place d’une comptabilité analytique ne permettrait pas de piloter un chantier mais uniquement de constater les dérives éventuelles à la fin du chantier.

🟩 Cette discussion nous a amené à échanger sur sa méthode de reconnaissance de chiffre d’affaires sur ses chantiers à cheval sur deux exercices comptables.

▶ Dans les faits, celui-ci facture le chantier lorsque le bon à payer a été donné par le client (PV de réception de fin de chantier).

▶ Pour les chantiers débutés en N et finalisés en N+1, le dirigeant comptabilise 100 % de ces coûts en charges (en N et N+1) et 100 % du chiffre d’affaires en N+1 ce qui est contraire aux règles comptables françaises (principe de rattachement des charges et des produits à l’exercice concerné) .

▶ En cas de contrôle fiscal, il existe un risque de redressement sur le correct niveau de marge non reconnu sur les chantiers concernés et le calcul de l’impôt sur les sociétés.

▶ L’absence de comptabilité analytique ne permet pas au dirigeant d’appliquer la méthode de reconnaissance du chiffre d’affaires à l’avancement qui permet dans certains cas un pilotage plus fin de l’activité que la méthode de l’achèvement applicable à sa situation.

▶ Conformément à cette méthode, les charges comptabilisées en N auraient dû être comptabilisées en stocks (travaux en cours) à la clôture N afin de « neutraliser » ces charges sur l’exercice N. La marge du chantier étant reconnue en N+1 au moment du déstockage de ces charges.